lundi 26 octobre 2020

On ne change jamais !

Je suis surpris par mes congénères et leur façon d'être toujours pareils si prévisibles et si souvent convenu. Cela doit venir d’un pouvoir de création que je ne trouve pas chez les autres, il n’y a pas chez eux cette créativité que je leur souhaiterais et même je leur trouve au contraire une peur de cette créativité quand elle est en eux.

Alors oui, les autres pensent que vous êtes toujours le même sans évolution sans changement et le monde devient triste car une fois que l’on est fâché avec quelqu’un, il n’y a plus aucune raison de changer mais au contraire, il y a toutes les raisons de se fâcher à nouveau et même encore plus.

Je retrouve grâce à un voyage en Provence dans l’ancienne région de mon enfance, une veille amie de la famille comme on dit. Une personne qui est restée en Provence et y a fait sa vie. Je sais que nous avions des différents et que les choses ont été gérées de façons peu amicales mais je n’en suis pas le principal responsable et j'espère qu'elle m'accueillera avec bienveillance.

Vingt cinq ans après, je lui rends visite, elle ne me reconnaît pas mais pas du tout, pendant plusieurs secondes qui me paraissent interminables je suis un étranger. J'ai envie de ne pas me trouver là, et puis je vois tout de même son visage s'éclairer avec une retenue que l'on n'attend pas des gens du midi mais elle me sourit, alors nous allons pouvoir mettre à jour les nouvelles des uns et des autres.

Le petit dernier vient de faire une nouvelle dent, malheureusement l'enfant de son dernier fils est gravement malade mais je retrouve les mêmes blocages; elle n'est pas à l'aise c'est le moins que je puisse dire et cette visite qui aurait pu être le départ de nouvelles aventures finalement sera tronquée par le besoin de faire autre chose sur son agenda. En dernier ressort, j'évoque ma mère et sa petite fille qui elle aussi est gravement malade comme pour donner le change comme pour donner des nouvelles de ceux que l'on connait encore.

Rien n'y fait et je suis poussé vers la sortie avec une dernière chanson, oui elle aime bien terminer en chanson. Les soirées, les veillées à l'époque c'était autour d'un feu de camp avec une guitare ou une batterie, elle entonne des paroles qu'elle improvise certainement mais qui résonnent encore : "c'est les Raby les gentils, c'est les Vincent les méchants", curieux cette autocritique, elle rigole en chantant mais il m'est difficile de dire qu'elle sincérité il y a dans tout cela.

Quelque temps après, je me dis que c'est bien mieux comme ça et que j'ai bien retrouvé exactement inchangée la personne nous qui a joué un tour qui s'est joué nos divisions pour mieux régner. Maintenant c'est elle qui règne, seule et sans partage. D'autres royaumes sont bien plus accessibles et bien plus accueillants pour que je puisse enfin me tourner définitivement vers autre chose. Merci à elle pour cette dernière leçon de vie.

Sans le savoir, elle m'a guéri, elle m'a guéri de cette blessure laissé par mon enfance.